Après avoir occupé plusieurs postes de direction dans des grandes entreprises, Jean-Marc a ouvert son épicerie locale à Cossonay.
Rencontre avec ce directeur devenu épicier indépendant !
À la base, je suis mécanicien de précision. Par la suite, j’ai fait un brevet fédéral de contre-maître puis j’ai travaillé comme cadre.
Dans les années 2000, j’ai eu l’opportunité de reprendre, avec 3 autres associés, le parc machine de l’entreprise pour laquelle je travaillais. On a donc investi et créé une entreprise séparée. On peut dire que c’était ma première expérience entrepreneuriale !
7 ans plus tard, j’ai eu envie de changement et je suis parti dans l’horlogerie de luxe. Petit à petit, j’ai fini par prendre en main l’approvisionnement et la gestion du stock. J’ai aussi géré un grand projet de réorganisation de tous les ateliers de production de l’entreprise pour finalement devenir responsable de production.
Après 10 ans et plusieurs plans sociaux, j’ai demandé à pouvoir partir avec le suivant. Ayant perdu 40% de mes collaborateurs, je ne me voyais pas reconstruire quelque chose dans un climat qui ne me motivait plus autant qu’au début.
J’avais envie de changer quelque chose, de me réorienter et pourquoi pas de sortir de ma zone de confort. Alors je suis parti en séjour linguistique deux mois à Hambourg en famille d’accueil, comme un étudiant, sauf que j’avais 48 ans ! Cela m’a un peu fait office de thérapie et remis les idées en place.
Peu après, j’ai commencé comme responsable technique à Aquatis Aquarium-Vivarium. De fil en aiguille, je me suis retrouvé directeur pendant 3 ans.
En parallèle, mon épouse a eu l’opportunité de racheter une épicerie du terroir à Pully. En tant que fille d’agriculteurs, elle a décidé de se lancer !
Je l’aidais beaucoup le soir et le weekend et j’ai petit à petit pris goût à tenir le magasin, faire les livraisons, rencontrer les producteurs…
Quelques temps après, une nouvelle opportunité s’est présentée pour créer une nouvelle épicerie à Savigny. Ma femme a relevé le challenge et ouvert ce nouveau commerce tout en gardant le premier.
J’étais toujours employé par Aquatis, mais dans ma tête, ça travaillait pas mal. Ce retour à la terre, aux produits et aux gens de la région me plaisait de plus en plus, je me sentais bien dans ce domaine. Alors l’idée d’ouvrir une nouvelle épicerie locale, plus proche de notre domicile de La Chaux, a rapidement germé. On a donc commencé à chercher un local à Cossonay. Nous n’avons pas eu celui que nous voulions alors on a mis l’idée de côté quelques temps pour se concentrer sur nos commerces existants.
Puis, pendant la première vague du COVID, j’ai quitté Aquatis d’un commun accord avec la direction.
Après réflexion, comme on était convaincus de notre concept d’épicerie et de la demande qui existait, on a décidé de prendre le risque de louer un local plus grand à Cossonay.
Après quelques mois de travaux, on a finalement ouvert l’Épicerie des Prés, qui propose des produits locaux. Tout ce qu’on trouve chez nous vient d’un rayon de 200 mètres à 120km. Pour les produits que l’on ne trouve vraiment pas dans la région, comme le riz et la polenta, ils viennent du Tessin.
Dans la région, on a des agriculteurs, des fermiers, des artisans qui créent des produits magnifiques, mais il nous manquait un endroit pour tout trouver sans devoir passer dans chaque marché paysan. On pense avoir résolu ce problème et l’engouement nous montre que l’on ne s’est pas trompés !
Dans le domaine du terroir, il y a plein de gens passionnés qui créent des produits exceptionnels, et quand la passion est là la qualité suit toujours.
Mettre en avant des produits sains et locaux est une priorité, avant ceux que l’on a tendance à manger souvent, qui ne respectent ni notre santé ni notre environnement.
J’ai besoin d’apprendre en permanence. J’aime créer des choses, amener des nouveautés… L’épicerie par exemple, on vient de l’ouvrir mais j’ai déjà plein d’idées pour la faire vivre et l’améliorer !
Pour moi, l’évolution hiérarchique c’est une chose, mais ce qui est important c’est surtout d’évoluer de manière horizontale en acquérant de nouvelles connaissances. L’apprentissage ne s’arrête jamais.
Le boulot ne me fait pas peur, mon moteur c’est l’adrénaline d’être toujours en mouvement et de tester de nouvelles choses.
La seule chose qui ne change pas c’est ma vie de famille car là je m’y sens bien et ne ressens pas le besoin de changement !
J’ai plus de 50 ans, j’ai envie de travailler et le boulot ne me fait pas peur. Mais j’ai envie de m’investir dans quelque chose de concret, qui nous ramène aux vraies valeurs de la vie, au contact avec des humains.
C’est clair qu’avoir son propre commerce, faire soi-même six jours par semaine les tournées du matin pour récolter les produits que l’on vendra pendant la journée, ce n’est pas de tout repos. Mais cela apporte du sens et ça n’a pas de prix.
La satisfaction d’être épanoui, de se lever le matin avec du plaisir, c’est primordial. Bien-sûr, cela m’est aussi arrivé pendant ma carrière, chaque expérience est enrichissante et formatrice, mais travailler sur son propre projet, c’est une dimension totalement différente.
Informations pratiques
L’Épicerie des Prés
Route de Morges 11b
1304 Cossonay
Lun-ven: 8:30–12:30, 14h:00 – 18:30
Sam: 8h30-14h00